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6 décembre 2019 à 22 h 13 min #939RémiMaître des clés
Jeudi 5 décembre. Journée de grève des transports et journée la plus froide de la semaine. Nous sommes six élèves à être venus. Nous commençons classiquement par des exercices de base habituels. Nous faisons aussi un peu de travail au sol. Je fais partie de ceux (plus souvent que « celles ») pour qui c’est une épreuve, en tout cas, un moment un peu difficile, signe, sans doute, qu’il nous serait utile d’en faire plus souvent… « Penchez-vous en avant. » Ça ne penche pas, sauf la tête qui fait illusion (à l’extérieur, car, à l’intérieur, la tête ne se fait pas d’illusions du tout). Mes mains font coucou au sol irrémédiablement lointain. Sabine a bien conscience des difficultés que nous pouvons rencontrer. Elle nous invite à plier les jambes afin de faciliter les exercices. Elle nous suggère aussi d’y aller en douceur : nous ne sommes pas là pour nous faire mal. De la douceur à la douleur, il suffirait d’un rien, d’un « c » qui écarterait les bras, qui s’étirerait un peu trop, se transformerait en « l ». Aïe !
Un exercice, toutefois, trouve un peu grâce à mes yeux (et à mon dos). Au lieu d’avoir une ou les deux jambes écartées, celles-ci sont repliées devant nous. Nous saisissons les bouts de nos pieds avec nos mains, et nous nous penchons en avant. Nous tendons les jambes à la mesure de nos possibilités.
Nous refaisons ensuite quelques exercices de base. Comme nous sommes peu nombreux, Sabine peut nous regarder tous et apporter à chacun des remarques personnalisées.
Nous effectuons le premier duan, puis le deuxième, jusqu’au premier « vrai » simple fouet. Nous faisons ensuite quelques applications, que je serais sans doute bien en peine de refaire…
La dernière demi-heure est consacrée au Neigong. Il est important, avant de commencer, nous indique Sabine, de trouver une assise qui nous permette de rester immobile durant la méditation. Je réalise que le dantian supérieur n’est pas là où je le pensais. Je le pensais au milieu du front, mais, « la perle de boue », le dantian supérieur, est au milieu du crâne (très approximativement). Après avoir porté notre attention quelques instants à notre respiration, nous en passons quelques autres à regarder « de l’intérieur » notre 3ème œil. Le silence règne. Puis le son du bol tibétain s’éveille imperceptiblement, il émerge du silence, tel un son lointain, avant de s’affirmer plus clairement.11 décembre 2019 à 12 h 45 min #940RémiMaître des clésMardi 10 décembre. Après quelques exercices de base habituels, nous effectuons un exercice à deux que nous n’avions probablement jamais fait. Les partenaires sont face à face, à environ trois mètres de distance. L’un des partenaires marche un peu vivement vers le second. Celui-ci, simplement debout, les pieds parallèles, lève les bras, les mains en avant, lorsque son partenaire arrive, et les pose simplement sur le haut du corps de son partenaire afin de l’arrêter. Comme une façon de dire « stop, tu n’entres pas chez moi ». Le mouvement se fait en douceur et avec bienveillance. Le partenaire stoppé dans sa marche recule puis renouvelle sa marche en avant. Dans un deuxième temps, le partenaire qui effectue l’exercice reçoit, ou accueille, son partenaire, absorbant la poussée en s’asseyant, puis le repousse, toujours avec douceur et bienveillance. Rien de vindicatif ou de belliqueux dans l’exercice, il s’agit simplement d’arrêter le partenaire puis de le repousser. Dans un troisième temps, l’exercice est, cette fois-ci, effectué en mettant un pied en arrière, assis dans sa jambe arrière. Le partenaire marche un peu vivement, il est accueilli, sa poussée est absorbée, puis, la jambe arrière de celui qui reçoit se tend et repousse.
Nous effectuons ensuite quelques exercices de la boxe de la grue blanche. Celui qui consiste à lancer alternativement les bras devant soi, entraînés par les mouvements du bassin, l’appui se déplaçant d’un pied à l’autre, puis celui qui consiste à descendre puis monter par paliers, les bras se croisant au niveau des poignets devant soi.
Nous effectuons également l’exercice que nous faisons à chaque cours, qu’il n’est jamais aisé d’expliquer par écrit sans se perdre dans les descriptions, et que nous pourrions appeler tout simplement « exercice du tambourin », encore que l’analogie vaille très certainement pour d’autres exercices.
Nous faisons ensuite un exercice qui m’a fait penser au mouvement de ce qui semblait s’appeler « bielle d’accouplement » (j’ai un peu cherché sur internet, car je n’y connais rien) dans les trains à vapeur, cette barre de métal qui reliait deux roues entre elles. Je ne sais pas si l’analogie parlera… On tend les bras devant soi, dans un mouvement circulaire, en tendant les jambes, puis on continue le mouvement en ramenant les bras vers soi, toujours dans un mouvement circulaire, et en s’asseyant, puis on recommence, en lançant de nouveau les bras devant soi. L’ayant fait plusieurs fois dans un sens, on le fait ensuite dans l’autre sens (les bras changent alors de sens de rotation).
Deux groupes sont constitués, l’un de débutants, sous la direction de Charlie, un deuxième pour le 2ème duan et les deux premières parties du 3ème, sous la direction de Michel.
Le cours se termine par un moment un peu festif pour remercier Michel de son action en tant qu’assistant de Sabine, durant plusieurs années, et en tant que président. Cadeau, cidre, gâteaux… Ça réchauffe un peu l’atmosphère, car, qu’est-ce qu’il fait froid dans ce gymnase !
13 décembre 2019 à 10 h 53 min #941RémiMaître des clésJeudi 12 décembre. Nous sommes sept puis huit pratiquants, ce jeudi de grève des transports. Nous commençons par un peu de travail au sol. Assis, les jambes allongées devant nous, Sabine nous invite à lever un ischion, puis le second ensuite (un à la fois bien sûr). On peut le faire en inclinant le tronc, à droite, à gauche. On peut aussi le faire à l’aide d’une rotation du bassin. On ne soulève pas beaucoup l’ischion, juste suffisamment pour qu’une fourmi puisse passer. Ce sera une petite fourmi pour moi, qui s’aplatit comme le font les chats parfois. Nous faisons ensuite quelques rotations du bassin, en arrière, en avant, puis on se penche en avant, en pliant un peu les jambes, en attrapant nos orteils. On travaille également un peu assis en tailleur. Puis nous faisons quelques minutes de méditation, la première des recommandations étant de trouver une assise confortable qui permette de rester dans la position, immobile durant quelques minutes. Sabine nous invite à porter notre regard sur notre plexus solaire, et à conduire notre respiration au niveau du ventre, sans chercher à la modifier. Nous terminons par trois rotations du buste dans un sens et trois autres dans l’autre sens, au rythme de la respiration. Sabine nous indique que les taoïstes qui ont une pratique avancée disent « qu’ils mangent du souffle ». Il me plaît alors d’imaginer, sur le chemin du retour, à vélo, une saynète dans laquelle un taoïste s’adresserait à un autre taoïste : « Ah, ça te dirait de venir méditer samedi soir à la maison ? » L’autre de répondre : « Oui, pourquoi pas, ce serait chouette. On pourrait dîner ensuite ! » Le premier : « T’inquiète ! on fera les deux en même temps, on mangera du souffle ! » Le second : « Ah oui… Écoute, je vais réfléchir, et je te dis quoi, euh… je te dis Qi… » Ces taoïstes, ce sont vraiment de sacrés boute-en-train ! Cela étant dit, il n’y a pas à se moquer, car en français on a l’expression « prendre un bon bol d’air ». Alors la saynète taoïste pourrait avoir son équivalent en français avec ce bol d’air. La différence essentielle, à mon sens, c’est que, pour les taoïstes, il s’agit d’une pratique avancée, alors qu’en français, c’est une pratique « Ah, bah, on est bien avancés !… » qui ne requiert pas, il faut le reconnaître, de passer des années en position du lotus ou du demi-lotus à amener sa respiration en différents points du corps, et qui est donc accessible à tous aisément et rapidement.
Nous faisons ensuite quelques exercices habituels de préparation. Sabine rappelle plusieurs fois la position des pieds, parallèles, voire légèrement rentrés vers l’intérieur. En position du cavalier, les bras devant nous, posés, nous prêtons attention aux endroits du corps qui respirent, qui nous indiquent que nous respirons. Nous faisons également quatre exercices de la boxe de la grue blanche. Le premier consiste à positionner ses bras comme les ailes d’un oiseau, coudes abaissés, et à laisser aller les bras devant soi, qui se croisent puis remontent. Le deuxième consiste à balancer les bras alternativement devant soi et derrière soi, une main devant, une main derrière, avec un léger transfert d’appui. Le troisième consiste à descendre et remonter par paliers. Le quatrième, à lancer ses bras, comme des cordes, au rythme du mouvement du bassin.
Exercice du « tambourin » ensuite. Puis, nous nous séparons en deux groupes. Sabine va avec les deux débutants. Helga mène le premier et le deuxième duans pour les autres pratiquants. J’entends à un moment Sabine dire aux débutants « que l’on part de là où l’on est ». C’est une idée qui me convient, qui m’a souvent déjà traversé l’esprit, et qui s’applique, d’après moi, à tous les moments de la vie, et pas uniquement au Taichi bien sûr. On part de là où on est, jamais de là où on aimerait être (ou ne pas être), jamais non plus de là où on s’imagine être, ni de l’endroit occupé par un autre que nous dont le chemin, pour arriver là où il se trouve, a forcément été différent du nôtre.
La dernière demi-heure de pratique ne fait souvent qu’un quart d’heure ces derniers temps. Le deuxième quart d’heure, qui est chronologiquement parlant le premier, ne disparaît pas, non, il est fait de discussions, d’échanges, d’une boisson chaude, de choix de marque-pages…
18 décembre 2019 à 21 h 24 min #947RémiMaître des clésMardi 17 décembre. Dernier mardi de pratique de l’année. Nous sommes nombreux, malgré la grève des transports. Il n’y a rien de saillant dans la pratique du jour : nous faisons quelques exercices habituels de préparation, quelques exercices également habituels de la boxe de la grue blanche. Après cela, nous nous séparons en deux puis trois groupes, chacun des groupes effectuant les enchaînements que les participants connaissent. Ce qui est inhabituel, en revanche, inhabituel tout au long de l’année, mais qui revient pour les deux derniers cours de l’année, c’est que nous travaillons en musique. En musique, mais aussi, à quelques moments, au son des textes classiques, dit par Sabine en français, et dit par une autre femme, chinoise sans doute, en chinois.
Travailler en musique apporte quelque chose de différent. Je ne saurais dire si ça améliore la pratique, mais il est probable que, au moins par moment, cette pratique se pose sur la musique et son rythme. Et c’est en tout cas intéressant et agréable.
À 21h30, la pratique cesse, et nous partageons un moment un peu festif pour marquer la fin de l’année.
22 décembre 2019 à 14 h 22 min #1005RémiMaître des clésJeudi 19 décembre
Pratique en musique pour le dernier cours de l’année.
La musique nous enveloppe. Elle nous porte, nous emporte, nous transporte et nous traverse, favorisant ainsi l’intériorité… l’art martial interne devient intérieur. C’est manifestement en tout cas une possibilité si on se laisse aller à cette expérience inhabituelle, où tous les mouvements, qu’il s’agisse des exercices de préparation ou des enchaînements, prennent une coloration nouvelle, et peut-être, par moment, davantage de consistance. Peut-être même les effectuons-nous avec davantage de précision, de conscience, de présence.
Comme souvent lors des tout derniers cours, la pause s’allonge un peu. Il n’y aura pas de reprise de la pratique cette fois-ci, et nous terminerons donc un peu plus tôt que d’habitude ce dernier cours de l’année. -
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